Agnolo Bronzino

L'artiste florentin Agnolo Bronzino, dit " le Bronzino", fut un peintre maniériste. À travers une cristallisation du style de la deuxième Renaissance, les peintres maniéristes représentent leurs sujets avec des formes élégantes et innaturelles. Les portraits de Bronzino ont été definis "images glaciaires", qui creusent un abîme entre le sujet représenté et l'observateur.

Agnolo di Cosimo de son vrai nom, le surnom Bronzino est probablement lié au teint sombre de ses portraits. Il était né à Monticelli, tout près de Florence, la ville où il a passé la plupart de sa vie. Il entra en apprentissage chez Raffaellino del Garbo, un peintre de la Haute Renaissance, mais il se forma surtout auprès de Jacopo da Pontormo, un des artistes qui ont donné une contribution fondamentale à la création du style qui sera defini Maniérisme. Bronzino a subi également  l'influence de Andrea del Sarto, qui fut un des maîtres de Pontormo, ainsi que des grands de son époque: Léonard de Vinci et surtout Michel-Ange.

Quand, en 1523, la peste ravageait Florence, Pontormo emmena le Bronzino à la Chartreuse du Galluzzo, où les deux peintres travaillèrent à une série de fresques. Au cours de ces années, Bronzino devint un artiste reconnu, il quitta Florence pour aller à Pesaro, demandé par le duc d'Urbino. Il rentra à Florence en 1532, quand il travailla encore à des fresques et à une série de portraits. Après avoir collaboré de nouveau avec Pontormo, il entre au service des Médicis en 1539, quand il contribua à l'exécution des apparats pour le mariage de Cosme I^er de Médicis et Éléonore de Tolède.

Les portraits de Cosme et Éléonore, ainsi que d' autres personnages de la cour des Médicis, montrent un détachement aristocratique, une froideur distante et impassible que le peintre arrive à rendre avec des couleurs qui ont l'eclat et l'élégance de l'émail. Le style et le ton de ses peintures ont influencé un siècle de portraiture de cour en Europe. En 1540, sur commande du duc Cosme I^er , Bronzino décora la chapelle de l'appartement de Éléonore dans le Palazzo Vecchio.

En tant que noble et espagnole, Éléonore de Tolède influença l'œuvre de Bronzino, en l'enrichissant d'un ton cérémonial et rituel. Le portrait de la femme du duc fait montre d'une couleur qui nous donne l'impression de la froideur du marbre et qui est typique du Maniérisme florentin.  Quoique son art soit considéré  presque "academique" , il ne manque pas d'une certaine créativité poétique, comme on peut remarquer dans son Portrait de Andrea Doria en Neptune, où l'amiral génois est représenté sous la forme du dieu de la mer.

Bronzino joua un rôle important dans la création de l'Accademia del Disegno, l'Académie de Beaux-Arts de Florence, fondée par son ami, le peintre et architecte Giorgio Vasari. Notre connaissance de la vie de Bronzino est étroitement liée à Vasari et à son livre: Les Vies. Le livre, qui fut imprimé en 1550, raconte les biographies des artistes à partir de Cimabue jusqu'à l'époque de Vasari et il est considéré la première encyclopédie de l'histoire de l'art italien.

La renommé de Bronzino est liée à ses portraits et à de grandes œuvres de caractère réligieux également. Entre autres, Le passage de la mer rouge (1542), L'Assomption de la Vierge (1552), Le martyre de Saint Laurent (1569). Il peignit aussi des nus érotiques, qui furent présentés, toutefois, comme allégories morales; très connue est l 'Allégorie du triomphe de Vénus, qui fait désormais partie de la culture populaire mondiale.

La dernière œuvre de Bronzino, restée inachevée, est une grande fresque à l'intérieure de la basilique de San Lorenzo à Florence, que l'artiste commença en 1569, mais qu'il n'arriva pas à terminer en raison de sa mort en 1572. La fresque fut achevée par son élève Alessandro Allori, comme tribut à son maître.

La plupart des œuvres de Bronzino se trouvent à Florence, mais il en a un certain nombre à la National Gallery de Londres également.