La Tribune des Offices, le premier musée de l'age moderne

Johann Zoffany   The Tribuna of the Uffizi   WGA26000

Au début des années quatre-vingts du XVIsiècle, le grand-duc François Ier de Médicis et son fidèle collaborateur et ami, Bernardo Buontalenti, ont donné le dessin de la Tribune, une salle octogonale au deuxième étage du palais des Offices, le palais construit pour recevoir les bureaux préposés à la bonne conduite de l'État qui étaient situés aux étages inférieurs.

La Tribune constitue le noyau historique de la Galerie des Offices. Une pièce conçue et réalisée pour l'exposition des œuvres d'art qui étaient considérées les plus précieuses de la collection des Médicis. Jusqu'à ce moment là, la famille Médicis avait abrité les collections artistiques à l'intérieur du Palazzo Vecchio, la premier résidence ducale à partir de 1540, avant que la cour se deplaçât au Palais Pitti, dix ans plus tard. En dehors des tableaux qui embellissaient les salles du palais ducal, il y avait toute une série d'objets précieux qui étaient gardés, ou, pour mieux dire, cachés dans les tiroirs secrets d'un cabinet raffiné de François Ier, le Studiolo. Dans la Tribune des Offices, au contraire, tout détail décoratif, chaque œuvre d'art, étaient pensés pour être admirés et ils se manifestaient à la vue des visiteurs.

Les travaux, qui commencèrent en 1581, furent achevés deux ans plus tard. La salle, aux parois très hautes, a un plan octogonal, elle est couronnée par une coupole s'appuyant sur un tambour et surmontée par une lanterne. L'éclairage naturel est assuré par la lumière qui filtre de la lanterne et par des fenêtres, qui sont situées au niveau du tambour.

La Tribune, à travers sa décoration raffinée, représente les quatre éléments: la lanterne, à imitation de la Tour des Vents d'Athènes, évoque l'air; la couleur rouge des vélours au parois, symbolise le feu; les encrustations de nacre de l'intrados de la coupole, rappellent l'eau, et, enfin, les mosaïques en pierre au sol qui font allusion à la terre. Mais on pourrait remarquer la présence d'autres niveaux de significations plus profondes étroitement liées à la vaste érudition de François de Médicis, passionné d'alchimie également.

Les couleurs prédominantes sont les mêmes qu'on retrouve dans le blason des Médicis, tandis que la nacre qui encruste la voûte porrait faire allusion à l'emblème de Bianca Cappello, maîtresse d'abord et deuxième femme du grand-duc François de Médicis ensuite. L'octogone est également une forme riche de significations attachées à la symbolique chrétienne de la resurrection, du baptême ainsi qu' à l'alchimie. On peut bien définir ce monumental cofre précieux, un temple profane consacré à l'art.  

Depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours, la Tribune a subi des modifications importantes. Plusieurs œuvres ont été déplacées et remplacées, comme le cabinet en forme de temple qui était installé sur la table octogonale en pierres sémi-précieuses de Jacopo Ligozzi. L'arrivée de statues anciennes, qui provenaient de la villa Médicis de Rome, a enrichi la Tribune d'une présence importante: la très célèbre Vénus des Médicis en marbre, dont la restauration récente a montré des traces de feuilles d'or dans la chevelure.

Au cours du XVIIIe, lorsque la famille Lorraine-Habsbourgs succéda aux Médicis, la Galerie fut rénovée avec des témoignages importants du goût néo-classique; la Tribune changea son aspect puisque beaucoup d'objets furent transférés dans d'autres musées, en n'y gardant que les tableaux et les sculptures en marbre.

En 1970, la Tribune a été l'objet d'un nouveau arrangement et, en 2012, la restauration de cette salle précieuse s'est finalement terminée. À présent, il est interdit d'y entrer, en raison du sol encrusté de marbres qui ne peut pas supporter le passage de nombreux visiteurs, mais les trois ouvertures de la salle offrent quand-même une vue assez complète, malgré la distance, des œuvres d'art abritées en cet endroit, qui constitue le coeur véritable de la Galerie des Offices.

Cette salle ancienne se trouve aussi au centre du projet Museo digitale; un point multimédia permet une exploration en 3D des œuvres de la Tribune dans leurs détails, en aidant à apprécier son aspect unique.